Comment parler de la ménopause au travail quand les symptômes s’invitent partout ? Bouffées de chaleur en plein atelier ou en plein bureau, vertiges en caisse, tête dans le coton devant l’ordinateur, douleurs dans le dos pendant une tournée… La ménopause et la périménopause traversent tous les lieux de travail : magasins, cuisines, bureaux, usines, écoles, hôpitaux… aucune profession n’est vraiment épargnée.
Et pourtant, en parler au travail reste très compliqué. On a peur d’être vue comme “vieille”, “périmée”, “moins solide”. La honte, la gêne, la peur d’être jugée coupent souvent la parole. Le sujet reste tabou, même si la parole se libère peu à peu. Il y a encore du chemin pour que ces changements de vie soient considérés comme une réalité normale, et non comme un défaut.
Dans cet article, l’idée est simple : vous aider à décider si vous souhaitez en parler ou non, à qui le faire, et avec quels mots, quel que soit votre métier.
Avant de plonger dedans, voilà un petit aperçu de ce qui vous attend (promis, aucune réunion Teams ni tableau Excel à l’horizon) 👇 :
💬 Comprendre pourquoi le sujet est si délicat.
🧭 Vérifier si vous avez envie d’en parler… ou pas.
👥 Voir à qui s’adresser : manager, RH, médecin du travail.
📋 Faire le tri dans vos besoins concrets au travail.
✏️ Piocher des phrases prêtes à utiliser en rendez-vous.
🛡️ Garder le contrôle sur ce que vous choisissez de dire.
Si tout cela vous parle et que vous avez envie de vous sentir moins seule avec vos symptômes au boulot… filez, l’article vous attend juste en dessous. 💜
Faut-il vraiment parler de la ménopause au travail ?
D’abord, une chose importante :
👉 vous n’êtes jamais obligée de parler de la ménopause au travail.
Votre santé reste votre intimité.
Vous pouvez très bien choisir de ne rien dire, de ne parler que de “problèmes de santé” de façon globale, ou de nommer clairement la ménopause. Les trois options sont valables.
En revanche, en parler peut vous aider à :
faire adapter votre poste : par exemple éviter les tâches en plein soleil l’après-midi, décaler certains horaires, demander plus de micro-pauses ;
mieux gérer les situations difficiles : chaleur dans le fournil, cadence en usine, nuits de garde, longues stations debout, sur-sollicitation mentale.
L’idée n’est pas de “se justifier”, mais de dire “mon corps change, j’ai besoin d’ajustements pour continuer à faire mon travail correctement.”
Vous avez le droit de protéger votre intimité et de demander des conditions un peu plus adaptées à ce que vous traversez.
À qui parler de la ménopause au travail (et pour quoi faire) ?
Selon votre poste, votre contrat et la culture de votre lieu de travail, les interlocuteurs ne seront pas les mêmes.
L’essentiel : choisir la personne avec laquelle vous vous sentez suffisamment en sécurité.
Votre responsable direct
Que vous soyez vendeuse, cheffe d’équipe, ouvrière, agent d’entretien, employée de bureau ou infirmière, votre responsable direct est souvent la première personne avec qui ajuster le quotidien :
modification d’horaires sur certaines journées ;
adaptation de certaines tâches (par exemple limiter les ports de charges les plus lourds, ou les heures les plus chaudes) ;
réorganisation des réunions ou des temps de production quand c’est possible.
💡 Vous n’êtes pas obligée de décrire chaque symptôme.
Vous pouvez rester sur :
“Je traverse une période de changements hormonaux qui impacte mon énergie et ma tolérance à la chaleur.”
Le service des ressources humaines (RH)
Dans les structures plus grandes, le service des ressources humaines peut :
expliquer les dispositifs existants (télétravail, temps partiel, mobilité interne, aménagement de poste) ;
servir de relais avec votre manager si la discussion est délicate.
C’est un bon interlocuteur si vous avez besoin d’un cadre plus formalisé, par exemple sur la durée.
Le médecin du travail
Que vous travailliez en usine, en collectivité, dans un commerce ou dans un bureau, le médecin du travail est un allié précieux :
il est tenu au secret médical ;
il peut proposer des aménagements adaptés à votre poste (moins de nuits, limitation de certains horaires, changement d’affectation) sans entrer dans les détails auprès de l’employeur.
Si vous avez des symptômes très gênants (vertiges, troubles du sommeil importants, anxiété forte…), commencer par lui peut vous soulager : vous êtes écoutée, et vous n’êtes pas obligée de tout raconter à tout le monde.
Avant d’en parler : clarifier ce que vous voulez obtenir
Arriver en rendez-vous en sachant ce que vous voulez change tout.
Au lieu de “je ne vais pas bien”, vous venez avec des demandes concrètes.
1. Repérer ce qui coince dans votre journée de travail
Quelques exemples de questions à vous poser :
“À quels moments de la journée mes bouffées de chaleur sont-elles les pires ? Pendant les fournées ? Dans le camion ? En caisse ? En réunion ?”
“Quand ma fatigue est-elle la plus lourde ? Tôt le matin ? En fin d’après-midi ? En fin de nuit ?”
“Quelles tâches deviennent difficiles : rester debout longtemps, conduire longtemps, porter des charges, enchaîner les clients, se concentrer longtemps sur un écran ?”
Notez une ou deux situations typiques, très concrètes.
2. Traduire ces difficultés en besoins
Ensuite, transformez ces situations en demandes possibles. Par exemple :
si vous travaillez en boulangerie :
→ demander d’être moins souvent au four aux heures les plus chaudes, ou d’alterner davantage les postes ;si vous travaillez en grande surface :
→ proposer un partage différent entre caisse, mise en rayon et back-office ;si vous travaillez en bureau :
→ demander de placer les réunions les plus exigeantes le matin, ou de pouvoir ventiler la pièce ;si vous travaillez en horaires décalés :
→ explorer une réorganisation des nuits ou des très tôt le matin.
L’objectif n’est pas d’obtenir une journée “parfaite”, mais de gagner quelques points de confort là où c’est le plus nécessaire.
3. Décider ce que vous ne voulez pas partager
Vous pouvez très bien dire “je traverse un trouble hormonal qui impacte mon sommeil et ma tolérance à la chaleur.”
Sans parler de sécheresse vaginale, de libido ou de symptômes intimes que vous voulez garder pour vous.
Plus vous êtes au clair avec vos limites, plus la discussion sera sereine.
3 exemples de phrases pour parler de la ménopause au travail
Voici trois modèles à adapter à votre réalité. À lire, à réécrire, à mettre dans vos mots.
🧱 Version factuelle, sans nommer la ménopause (manager)
“En ce moment, je traverse un problème hormonal qui perturbe beaucoup mon sommeil et ma tolérance à la chaleur.
Dans mon travail, cela se voit surtout sur [exemple concret : les tournées du soir, les heures au four, les réunions en fin d’après-midi].
Je reste motivée, mais je sens que je force sur mes limites.
Est-ce que l’on pourrait tester pendant quelques semaines [proposition concrète : modifier certains horaires, alterner les postes, prévoir plus de micro-pauses], puis faire un point ensemble ?”
🗣️ Version où vous nommez la ménopause (responsable ou ressources humaines)
“Je suis en périménopause / ménopause et certains symptômes (bouffées de chaleur, troubles du sommeil, difficultés de concentration par moments) compliquent mon quotidien au travail.
Je souhaite continuer à faire mon travail correctement, mais j’ai besoin d’ajuster un peu l’organisation.
Concrètement, ce qui pose problème, ce sont surtout [exemples : les tâches les plus physiques en fin de journée, les longues périodes debout, les longues réunions].
Serait-il possible de voir ensemble comment adapter certaines choses, au moins temporairement ?”
⚕️ Version médecin du travail
“Je suis en périménopause / ménopause, avec des symptômes assez marqués : sommeil très perturbé, fatigue, bouffées de chaleur.
Mon poste actuel demande [décrire : port de charges, nuit, travail au chaud, cadence rapide…], et je commence à avoir du mal à tenir.
J’ai besoin de savoir quels aménagements seraient possibles pour continuer à travailler sans mettre ma santé en difficulté.”
💡 Vous pouvez aussi préparer une petite phrase de recadrage si l’on minimise ce que vous vivez :
“Je comprends que cela puisse surprendre, mais pour moi cela a un vrai impact au quotidien. L’objectif n’est pas d’être privilégiée, juste de pouvoir continuer à travailler dans de bonnes conditions.”
Et si vous ne vous sentez pas prête à en parler ?
Peut-être que rien que l’idée d’en parler vous donne envie de vous cacher derrière le rayonnage ou de disparaître dans le vestiaire. C’est ok.
Vous pouvez :
commencer par en parler uniquement à votre médecin traitant ou à votre gynécologue ;
ajuster ce que vous pouvez de votre côté : vêtements plus respirants même sous une tenue de travail, hydratation régulière, pauses dès que la réglementation ou l’organisation le permet, meilleure préparation du sommeil ;
solliciter d’abord le médecin du travail, dans un espace protégé.
Vous n’avez pas raté votre “courage” si vous ne parlez pas de la ménopause au travail.
Vous avancez à votre rythme, avec vos priorités.
L’essentiel : ne pas rester seule avec la sensation de “ne plus y arriver”. Il existe des aménagements possibles, des professionnels pour vous soutenir, et des ressources pour vous aider à faire équipe avec votre corps… même au milieu des fours, des chariots, des dossiers ou des caisses.
Comment parler de la ménopause au travail ? La FAQ
Faut-il obligatoirement parler de la ménopause au travail à son employeur ?
Non, vous n’êtes jamais obligée de parler de la ménopause au travail. Votre état de santé, y compris la périménopause, fait partie de votre vie privée. Vous pouvez choisir de ne rien dire, de parler seulement de “problèmes de santé” ou de nommer clairement la ménopause selon ce qui vous met le plus à l’aise.
La bonne question est : “est-ce que mes symptômes de périménopause gênent vraiment mon travail au quotidien ?” Si la fatigue, le brouillard mental ou les bouffées de chaleur perturbent votre poste, ouvrir le sujet peut aider à adapter un peu l’organisation. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez tout à fait garder la périménopause pour vous et gérer cela uniquement avec vos soignants.
Que dire concrètement à mon manager quand la ménopause gêne mon travail ?
Pour parler de la ménopause au travail avec un manager, partez des faits. Expliquez que des changements hormonaux (ménopause ou périménopause) perturbent votre sommeil, votre énergie ou votre tolérance à la chaleur, et décrivez les situations précises où cela bloque : horaires, tâches physiques, réunions. Proposez ensuite un ou deux aménagements concrets à tester plutôt qu’un discours très général.
À qui parler de la ménopause au travail : manager, RH ou médecin du travail ?
Vous pouvez parler de la ménopause au travail à la personne avec laquelle vous vous sentez le plus en confiance. Le manager peut ajuster l’organisation au quotidien, les ressources humaines peuvent réfléchir à des aménagements plus formels, et le médecin du travail peut proposer des adaptations sans dévoiler les détails de votre ménopause à l’employeur. Rien ne vous oblige à tout dire à tout le monde.
Comment parler des symptômes de ménopause au travail si j’ai un métier physique (commerce, usine, ménage, soins…) ?
Même avec un métier très physique, il est possible de parler de la ménopause au travail sans entrer dans l’intime. Décrivez simplement l’impact des symptômes de ménopause ou de périménopause sur vos journées : chaleur insupportable près des fours, vertiges en station debout, difficultés à tenir les cadences. À partir de là, discutez d’ajustements réalistes : rotation des postes, pauses mieux réparties, horaires un peu adaptés.
Puis-je demander des aménagements d’horaires ou de poste à cause de la ménopause ou de la périménopause ?
Oui, si la ménopause ou la périménopause complique votre travail, vous pouvez demander des aménagements raisonnables. Cela peut concerner les horaires, certaines tâches, ou l’exposition à la chaleur ou aux efforts physiques. Le médecin du travail est souvent l’interlocuteur le plus aidant pour réfléchir à ces ajustements et les formaliser.
Comment faire si j’ai peur d’être vue comme “trop vieille” en parlant de ménopause au travail ?
La peur d’être cataloguée “vieille” ou “périmée” est très fréquente à la ménopause, surtout dans la vie professionnelle. Vous pouvez en tenir compte en choisissant vos mots : parler de “problème hormonal” ou de “trouble de santé qui impacte mon énergie” plutôt que de détailler toute votre ménopause. L’important est de montrer que vous cherchez des solutions pour continuer à travailler, pas de vous excuser d’avancer en âge.
Comment le médecin du travail peut-il m’aider pendant la ménopause ou la périménopause ?
Le médecin du travail est là pour faire le lien entre votre santé (y compris la ménopause ou la périménopause) et vos conditions de travail. Il peut évaluer l’impact de vos symptômes, proposer des aménagements de poste ou d’horaires, et en informer l’employeur sans révéler les détails de votre ménopause. C’est un espace où vous pouvez parler librement, sous le couvert du secret médical.
Que faire si mon employeur minimise ma ménopause et refuse d’en parler ?
Il arrive que la ménopause au travail soit prise à la légère ou tournée en dérision. Dans ce cas, vous pouvez recentrer la discussion sur l’impact concret sur votre travail, sans rester sur le seul mot “ménopause”. Si le dialogue reste bloqué, prendre rendez-vous avec le médecin du travail ou les ressources humaines peut permettre de faire avancer la situation avec un cadre plus posé.
Est-ce utile de préparer par écrit ce que je veux dire sur la ménopause au travail ?
Oui, préparer quelques phrases à l’avance peut vraiment aider à parler de la ménopause ou de la périménopause au travail sans se perdre. Noter les moments de la journée qui posent problème, les tâches les plus difficiles et les aménagements que vous imaginez vous permet d’arriver plus sereine en entretien. Vous gagnez en clarté, et votre interlocuteur comprend mieux ce dont vous avez besoin.



















Comment savoir si je dois parler de la périménopause au travail ou garder ça pour moi ?